Le somnambule
Il riait de ses dents de diamant, il jouait du ténor des temps,
Il avait fait cadeau de sa vie à la vie, une offrande, un ruban.
Il nageait dans la soie de l’enfance, avalait les neiges du néant,
Il rêvait pour ne plus parler, mots menteurs et méchants.
Dans son coeur, une flûte fêlée passionnait les passants,
Dans sa tête, des mélodies en image, des fuites de pan.
Je le regardais tous les soirs, arroser les nuits du destin,
Je l’écoutais chaque matin, disperser ses notes du chagrin.
Il a maquillé la lune, déposé ses fragiles éclairs dorés,
Il a déshabillé le soleil, vidé ses vérités vertes orangées.
Il a enfanté des mondes, perles de visages rares et blancs,
Je l’ai vu manger son âme, ouvrir les veines du vent.
Sur les route oubliées, il chantait les fleurs, pleurait leur rosée,
Il faisait danser les nuages, enlaçait les songes, pillait les passés.
Au petit jour, ses pieds roulaient sur le sable, écume enchantée,
Il lavait ses mers de désir, ses souvenirs, ses immensités.
J’ai étreint ses pensées couleur, ses sourires incessants,
J’ai couru après son coeur, baisé ses yeux gourmands.
Il a quitté la terre qui glissait sous le sol de ses pas,
Il a ouvert ses ailes, s’est envolé vers la brise de mes bras.
Hicham Ayouch
Photo : Ines Ayouch