Le Prince de le mélancolie
Je porte tant de choses que je ne vois pas, un poids, une porte lourde qui ne se ferme pas.
Mes ailes éclatées, le radeau de ma vie qui dérive, je supplie d’être sauvé, mais on ne m’entend pas.
Je dois être gai et enjoué, c’est ce que les autres attendent de moi.
Les autres, me veulent Autre, les autres veulent un Autre soi.
Je suis le clown des mots, le bouffon des émotions qui n’existent pas,
Je suis le vent d’ouest qui ne souffle pas.
Le prince de la mélancolie, n’existe pas.
Je me blottis contre ma solitude, embrasse mes illusions car le mensonge ne tue pas.
Je caresse mon amertume, attache mes tremblements, dort sur le lit de mon sang.
Je voudrais crier ma tristesse, mais je sais que la foule des âmes perdues n’en voudrait pas.
La foule, veut des héros, des vainqueurs, des porteurs de joie.
Alors, je reste enfermé dans le silence de mon être, je dégomme les sensibilités, fuit, me réfugie dans un trou glacé.
Je me parle à moi-même, mais je me rejette et ne veut pas m’écouter.
Le prince de la mélancolie, n’existe pas.
J’ai lancé des bouées de vie, des cordes d’angoisse, des rires de métal insensés, autant de perles vides, sans collier.
Je vous arrose de mes larmes sèches qui ne fleurissent pas, je suis fatigué des coups des hommes, je voudrais juste m’allonger et ne plus penser.
Je voudrais être Rien, être l’Océan, être le vide, être une journée sans lendemain.
Je voudrais ne plus parler, ne plus rien dire, m’arrêter d’être ici, m’arrêter d’être là, être une bulle d’air, qui ne se pose pas.
J’ai troqué ma jolie jeunesse contre une paire de pleurs, je ne bois plus l’ivresse, des sens moqueurs.
Je me relève, me tend une dernière fois, puis retombe dans l’automne, et me noie.
Le prince de la mélancolie, n’existe pas.
Hicham Ayouch
Photo : Ines Ayouch