Ines


                                    Ines

Ma puce, ton pouce, c’est ton meilleur pote, dès fois, chuis un peu jaloux,

Le temps passe, chuis pas là, m’en veux pas, chuis un peu fou.

Tes cheveux noirs, j’aimerais m’y perdre, m’y réfugier,

Mais ton ptit corps a éclos, t’es une fleur à protéger.

Ma fille, mon écrin, mon nacre, ma bien aimée,

Ton regard questionne la rue, t’as pas de réponse, faut pas flipper.

Garde toujours la tête haute, la bêtise tu l’écrases avec gaité,

Quand tu souris, tu peins des ciels de couleurs enchantées.

Hier encore, t’inventais des mots, y avait les tanpalon et les ciraguette,

Là, tu me parles de tes copines Bi qui fument des joints en cachette.

J’en ai raté des cauchemars, des bobos, des fêtes, des sanglots,

Chuis pas le meilleur pater de l’univers, tu sais même pas faire du vélo.

Tu m’en as voulu de mes absences, de mes errances,  de cette béance

Tu m’as jeté tes cris à la gueule, t’as craché tes souffrances.

Aujourd’hui, ton volcan ne pleure plus, t’as appris à vivre sans moi,

Personne ne piétinera ton coeur, tu seras la Reine des Rois.

Ines, ma douceur, ma gamine, ma tendresse,

Tu te demande si tout ça à un sens, y a-t-il des dieux, des déesses ?

Ma ptite chérie, chais pas trop ce qu’on fout là, d’où on vient, où on va,

La vie est un truc bizarre, mais elle  vaut d’être vécue, parce que t’es là.

T’es un matelot sur le départ, tu vas bientôt larguer les amarres et voguer,

Va, rêve, croque la terre, sois avide de rencontre, de poésie, de beauté.

Oublie jamais ta part d’enfance, malgré les coup, ne cesse de t’émerveiller,

J’marcherais toujours à tes côtés, j’serais ton ombre, ton rocher.

                                                                          Hicham Ayouch

Photo : Ines Ayouch